Une future augmentation des frais d’inscription ? Les expérimentations de l’Université Paul-Valéry transforment les étudiants en cobayes.

Ce mardi 21 mai 2024, l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 a cessé d’exister. Par un vote du conseil d’administration avec une majorité de 21 voix contre 4 voix et 6 abstentions, l’université s’est transformée en un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel expérimental dénommé « Université de Montpellier Paul-Valéry »

Le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM) a été la seule organisation étudiante à intervenir contre cette transformation lors du Conseil d’Administration. Au même moment, le bâtiment de la présidence, dans lequel se déroulait le Conseil, a été intégralement bloqué et les membres de l’instance ont été empêchés de sortir. Cette mobilisation témoigne d’une forte opposition des étudiantes et étudiants à cette transformation de l’université.

Nous rappelons que lors des dernières élections étudiantes en 2022, le SCUM a largement remporté les élections, avec 56% des suffrages, en s’opposant à cette modification institutionnelle. En effet, depuis l’annonce du projet de modification de statuts de l’université durant l’été 2022, le SCUM est le seul syndicat étudiant à agir et se mobiliser sur cette question. Nous avons notamment obtenu la tenue d’un congrès de l’ensemble des élus de l’université en novembre 2022, malheureusement déserté par toutes les organisations étudiantes à l’exception du SCUM et de la Corpo Lettres. L’ancien vice-président étudiant, issu de l’ADEM3 était aussi présent et s’était affiché en virulent soutien à cette modification institutionnelle. Depuis janvier 2024, nous avons mené plusieurs actions pour nous opposer à la transformation de l’université, et avons initié une pétition unitaire qui a recueilli un demi-millier de signatures. Nous sommes aussi le seul syndicat étudiant a être intervenu lors de l’assemblée générale des personnels du vendredi 16 février, incarnant la seule opposition face à la présidence de l’université.

L’Établissement Expérimental à Paul-Valéry, qu’est-ce que c’est ?

Ce changement de statut est autorisé par l’ordonnance n° 2018-1131 du 12 décembre 2018, et fusionne l’ancienne Université Paul-Valéry Montpellier 3 avec l’ENSAM (l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier) et le CIMM (Centre International de Musiques Médiévales). A la suite de la dissolution de la Communauté d’Universités (COMUE) à laquelle le SCUM s’était déjà opposé en 2019, ces projets s’inscrivent dans une dynamique locale et nationale de mise en compétition des établissements d’enseignement supérieur. L’Université de Montpellier s’est transformée en Établissement Expérimental dès janvier 2022, dans ce que le SCUM dénonçait déjà comme une “intégration poussée dans les logiques concurrentielles internationales, au détriment des conditions d’études étudiantes et des conditions de travail des personnels”

Désormais, c’est l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 qui met le doigt dans cet engrenage, à l’occasion de l’obtention d’un appel à projet d’excellence appelé “Miranda”. C’est donc pour pouvoir mieux s’insérer dans une logique de financement de la recherche par des appels à projets que l’université Paul-Valéry se transforme en “établissement expérimental”. Nous rappelons que cette dynamique de financement est non pérenne et qu’elle épuise dans une sorte de fuite en avant les personnels, les équipes de recherches et les ressources de l’université, au détriment de la qualité d’accueil et d’enseignement de l’université. Ces logiques donnent ainsi davantage de liberté aux enseignants pour aggraver les politiques de sélection sociale qu’ils mettent déjà en œuvre. Pour rappel, à l’Université Paul-Valéry, seules 21,82% des demandes en Master sont acceptées.

D’un point de vue plus trivial, nous notons aussi que la nouvelle dénomination de cet établissement expérimental, « Université de Montpellier Paul-Valéry », réduit sa visibilité en la faisant apparaître comme subalterne de l’autre université de la ville, l’Université de Montpellier (UM). Ainsi, en tentant de s’inscrire dans des logiques concurrentielles qui la dépassent, l’Université Paul-Valéry efface davantage son identité au sein de l’écosystème de l’enseignement supérieur régional.

Mais surtout, cela permet de sortir l’université du Code de l’éducation, qui réglemente les frais d’inscription en Licence et Master. 

Dans un contexte où le gouvernement Macron augmente la pression budgétaire sur les universités et ou l’Université Paul-Valéry était déjà l’université avec le moins de dotation budgétaire par étudiant, le passage en « Établissement Public Expérimental » (EPE) prive les étudiantes et étudiants de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 de la seule garantie, à moyen terme, que les frais d’inscription n’augmenteront pas.

Qui peut croire que l’Université Paul-Valéry, qui avait un déficit de plus de 11 millions d’euros début janvier, ne va pas augmenter un jour les frais d’inscription pour toutes et tous ? 

L’Université Paul-Valéry est donc devenue un Établissement Public Expérimental (EPE) malgré notre opposition. Cependant, grâce à l’action de nos élus et à nos fortes mobilisations, comme le blocage des journées portes ouvertes, le SCUM est parvenu à obtenir que les nouveaux statuts soient au maximum conformes au Code de l’Éducation. Ainsi, la place des entreprises au sein des instances de l’université reste réduite et le fonctionnement actuel reste inchangé, notamment sur la question de l’ouverture et de la fermeture de cursus et filières. Cependant, nous rappelons que, avec ou sans statut “expérimental”, l’université est déjà, tout comme l’Etat, un acteur économique et institutionnel au sein du système capitaliste.

Concernant la hausse des frais d’inscription, si grâce à l’action du SCUM elle n’est pas à l’ordre du jour pour septembre 2024, nous précisons que les statuts peuvent faire l’objet d’une modification en Conseil d’Administration via l’article 52 des nouveaux statuts, et donc qu’à moyen ou long terme les garde-fous obtenus par le SCUM peuvent donc être remis en question par la présidence.

Seule l’action collective et massive des étudiantes et étudiants permettra de créer et maintenir un rapport de force suffisant afin de garantir que les frais d’inscription n’augmenteront pas et que l’université sera en mesure d’accueillir chacune et chacun dans le cursus de son choix.. Le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier est prêt pour les combats à venir, pour défendre notre droit à un avenir, contre la précarité et la sélection !

Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier – SCUM
syndicat.scum@live.fr 


L’action du SCUM contre l’EPE relayée par les médias :

Une réflexion sur « Une future augmentation des frais d’inscription ? Les expérimentations de l’Université Paul-Valéry transforment les étudiants en cobayes. »

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.